Jules Le Moal : street photography engagée


Il y a quelques mois, mon tireur et ami Florian Sau me présentait un confrère : Jules Le Moal. Grande silhouette filiforme aux cheveux flous, son truc à lui c’est la street photography.

Jules au studio, posant avec l’équipement qu’il a pendant les manifestations.

Street photography artistique

Difficile de ne pas le rapprocher des grands photographes humanistes. Toutefois, chercher à faire rentrer Jules dans une case est contre productif. Son parcours est celui d’un passionné de l’Humain, certes, mais aussi de photographie. Quand il n’arpente pas les rues de la ville lumière (et d’autres), boitier à la main, il tire ses images dans son laboratoire. De plus, ses travaux sont constellés de recherches plastiques : double expositions, conservation et exploitation des vues coupées en fin de film, etc.

C’est à l’occasion des manifestations des Gilets jaunes, dont Jules a couvert tous les actes, que j’ai voulu faire son portrait. En effet, chaque épisode était une opportunité d’aller au coeur des choses, tout en gardant un sens aiguisé du cadre et de l’esthétique.

Entretien

Simon Lagoarde : D’où vient ton amour pour la street photography ?

Jules Le Moal : Alors ça m’est venu assez naturellement, en même temps que la photo elle-même. La rue, c’est un univers qui m’a toujours fasciné. Je suis garçon de café depuis dix ans, dont une bonne partie passée sur les terrasses parisiennes. Le théâtre de la rue a donc été ma distraction. Ce sont les voyages qui m’ont fait faire l’acquisition de mon premier appareil. C’était dans la démarche de rapporter des images de ce que je découvrais à mes proches. De fil en aiguille, le plaisir de la chasse aux instants volés et la recherche de la beauté dans le banal ont grandis en moi.

S.L. : Cette démarche de la beauté dans le banal est-elle l’unique axe par lequel tu envisages la photo de rue ?

J.L.M. : C’est devenu plus que cela. Si je devais résumer, je dirais que c’est une façon de témoigner en même temps que d’exprimer ma sensibilité au monde qui m’entoure.

« De fil en aiguille le plaisir de la chasse aux instants volés et la recherche de la beauté dans le banal ont grandis en moi. »

S.L. : Pourquoi avoir choisi de traiter les Gilets jaunes ?

J.L.M. : Car c’est un mouvement populaire d’ampleur nationale (et internationale !), dont les revendications résonnent en moi. La sensation était qu’il était de ma responsabilité de photographe de rue que de témoigner d’un tel événement, d’en être l’observateur, voir le relais. C’est aussi une façon de marcher dans les pas de grands maîtres reporters et photographes humanistes dont j’admire le travail. De continuer à écrire en images notre Histoire qu’ils ont commencé à photographier.

S.L. : Enfin, avec quoi photographies-tu ?

J.L.M. : Mon outil de travail actuel est mon Minolta XG1. Un appareil argentique japonais de la fin des années 70. Plus généralement, je photographie avec ce que j’ai sous la main quand la photo se présente, le rythme de la rue l’impose.

S.L. : Un mot de la fin ?

J.L.M. : L’addition !

 


Conclusion

Si le travail de Jules interpelle et questionne, il est avant tout engagé. Bien que j’avoue ne pas toujours partager ses idées politiques, je dois le reconnaitre : son travail est extrêmement intense. Et il est certain que la puissance qu’il dégage est lié à l’amour de son auteur pour la cause qu’il couvre.

Alors on peut se demander : Jules Le Moal est-il juste accroc de street photography ? Ou est-il l’un des hérauts d’un nouveau photo-journalisme de terrain indépendant et partisan ?

Enfin, si vous souhaitez retrouvez le travail de Jules, il est visible sur son compte Instagram.

Tous les portraits de Jules ont été fait en argentique au studio. Si vous voulez lire un article traitant de mon travail argentique, je vous invite à lire mon papier sur la slow photography.


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